L'offre de loisirs des 6-12 ans, pour les élèves du cycle
primaire, s'est diversifiée depuis 1994. La pièce maîtresse
reste le centre aéré (CLSH : centre de loisirs sans hébergement),
ouvert tous les mercredis et lors des vacances scolaires de 7H30 à
18H30, sur le site de l'école Julie Daubié, et dont la capacité
d'accueil est de 80 enfants.
A cela s'ajoutent dorénavant l'organisation régulière
de camps durant les périodes de congés ainsi que des activités
périscolaires quotidiennes (de 17h à 19h) les lundis, mardis,
jeudis et vendredis. Outre l'aide aux devoirs, le périscolaire
propose plusieurs ateliers d'éveil artistique et d'initiation sportive
: musique, chant, danse, gymnastique, arts martiaux...
Nous cherchons à apporter aux enfants des
activités que leurs familles sont souvent en peine de leur offrir.
Sur un autre plan, pour compenser des carences plus immédiates,
nous leur fournissons chaque jour un goûter à 17H. (Le même
dispositif est prévu pour les élèves de l'accompagnement
scolaire secondaire.) Au CLSH, la prise en charge englobe les petits déjeuners.
L'équipe d'animation se compose d'une dizaine
de personnes : un directeur, trois salariés permanents et un groupe
de six vacataires. Chaque année, cette équipe encadre la
formation pratique d'une quinzaine de stagiaires.
Nous avons parlé plus haut d'intégration
par les loisirs. Que faut-il entendre par là ? Installé
à l'école Julie Daubié, le centre aéré
s'adresse naturellement d'abord aux élèves de cet établissement,
dont le plus grand nombre est d'origine migrante. Comment les intégrer
si on ne les mélange pas, dans des proportions équilibrées,
avec des enfants de souche française ? Nous avons commencé
à nous attaquer à ce problème en ouvrant le centre
aux autres écoles du quartier et de la ville (Emile Combes, Sainte-Geneviève,
les Pins, Assas, Jeanne d'Arc, Berthe Morisot, etc.). Cette démarche
exige que l'on ne se contente pas d'attendre passivement l'arrivée
des enfants, mais que l'on aille à leur rencontre et à celle
de leurs parents.
Le premier axe de l'intégration par les
loisirs, c'est donc la mixité communautaire. Le deuxième
axe, c'est la mixité filles-garçons. Cette mixité
existe généralement au niveau des enfants de souche française.
Elle est plus problématique au niveau des enfants d'origine migrante,
spécialement quand il s'agit des familles en provenance du Maghreb
qui ont tendance à nous envoyer plus facilement les garçons.
Tenir le cap sur ce terrain est impératif si l'on veut faire évoluer
des comportements encore trop marqués par les mécanismes
de discrimination traditionnels.
Le troisième axe d'intégration réside
dans le renforcement du contenu culturel des activités de loisir
proposées. Il s'agit pour nous de faire en sorte que le CLSH et
l'accompagnement scolaire primaire aillent dans le même sens et
participent de la même pédagogie : ouvrir les esprits à
la culture française et à ses valeurs de façon que
les enfants aient des chances égales d'adaptation et de réussite.
Il est essentiel que les familles comprennent cette préoccupation.
Il est essentiel que le CLSH ne soit plus considéré comme
une espèce de garderie commode les jours sans école, mais
comme un lieu privilégié d'éveil et de socialisation,
favorisant l'insertion dans l'environnement culturel et linguistique du
pays d'accueil - pays d'accueil qui est, pour l'écrasante majorité
de ces enfants, leur pays tout court, celui où ils sont nés,
où ils vont grandir et se former, pour ensuite affronter leur destin
d'adultes.
L'ouverture à la culture du pays d'accueil
ne signifie naturellement pas le reniement de la culture du pays d'origine,
spécialement dans sa dimension linguistique et religieuse. Celle-ci
doit être au contraire respectée et préservée
comme un héritage précieux. Mais pour mieux adhérer
à la société française et non pour lui tourner
le dos. La fidélité au passé doit servir les intérêts
du présent et de l'avenir et non s'y opposer.
|
L'activité de loisirs pour les 13-18
ans existe à l'Aclé depuis trois ans. La population concernée
est composée d'une soixantaine de jeunes des deux sexes, dont les
familles sont originaires de sept pays différents. Le personnel
salarié comprend deux permanents et des vacataires. Différents
parents et bénévoles fournissent ponctuellement un encadrement
complémentaire.
S'il est entièrement libre pour les 6-12
ans, l'accès aux loisirs au niveau des 13-18 ans est conditionné
par leur participation à l'accompagnement scolaire et par les efforts
qu'ils fournissent au collège ou au lycée. Pareille pédagogie,
sans conteste " autoritaire ", donne de bons résultats
et recueille l'assentiment massif des parents, même si elle n'est
pas toujours comprise par certains partenaires. Nous devons dire à
notre décharge qu'elle nous est imposée par les faits. Trop
de jeunes, répétons-le, considéraient l'échec
dans les études comme une fatalité. Pour les aider à
adopter des conceptions plus responsables, nous n'avons rien trouvé
de mieux encore que la méthode qui consiste à sanctionner,
positivement ou négativement, le travail.
La principale difficulté rencontrée
pour développer les loisirs 13-18 ans est d'ordre matériel.
Il n'existe pas en France de système de financement comparable
à celui mis en place pour les 6-12 ans avec les CLSH. Nous ne disposons
donc ici ni de vrais moyens ni de beaucoup d'encadrement. Malgré
ce contexte défavorable, des choses se font quand même :
organisation de mini-camps, de randonnées, de sorties, sans oublier
des activités permanentes les mercredis et samedis après-midi
(échecs, informatique, ciné-club, ping-pong, football).
Depuis septembre 2000, ces différentes actions sont structurées
au sein du Club des Jeunes de l'Aclé.
|