L'Aclé a été fondée en 1994
, pour des raisons étroitement liées, au départ, à la situation du
Groupe scolaire "Les Cévennes"
.
Le nombre d'élèves ayant beaucoup augmenté depuis le début des années 1990, du fait notamment de l'incorporation de plusieurs dizaines d'enfants d'origine migrante, il était devenu nécessaire de leur offrir un cadre de loisirs pour les mercredis et les vacances scolaires, qui serait en même temps un espace d'intégration complémentaire de l'école.
Pour les promoteurs de l'idée - la Mairie de Montpellier et l'Education nationale -, il s'agissait,
de façon précise, de mettre en place un centre aéré
pour les 6-12 ans.

Comme il fallait que celui-ci soit géré par une entité légale responsable, on demanda au directeur de l'école élémentaire de créer une association. Ce dernier cumulera ainsi, jusqu'à son départ à la retraite en 1998, la responsabilité des deux structures.

La dénomination du nouveau-né :
Association des Cévennes pour
le développement des Loisirs Educatifs
définissait exactement l'étendue et les limites
de l'action projetée.


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le champ d'action s'est ensuite naturellement élargi et diversifié, au fur et à mesure que l'Aclé gagnait en expérience et en connaissance du terrain et que la population encadrée prenait de l'âge et exprimait de nouveaux besoins.
 
1995 Lancement d'un atelier d'alphabétisation et d'échange de savoirs au profit des mamans migrantes.

19999 Mise en place d'un atelier de lutte contre l'illettrisme ; ouverture de l'alphabétisation aux adultes de sexe masculin, notamment aux primo-arrivants de plus de 16 ans ; extension de l'offre de loisirs aux femmes.
1996 Extension de l'offre de loisirs aux adolescents (13-18 ans).

2000 Développement du travail de médiation en matière administrative et d'aide à l'insertion professionnelle
1997-1998 Accompagnement scolaire pour les élèves du primaire, puis du secondaire. 2001 Continuité et développement des activités : Soutien scolaire par les bénévoles et Médiation.

Après six ans d'existence, la physionomie et le caractère de l'association ont beaucoup évolué. Avec près de 300 familles adhérant à l'une ou l'autre de ses activités, son influence sociale et culturelle sur le secteur des Cévennes s'est nettement consolidée.

Offrant une gamme de services relativement vaste, l'Aclé touche aujourd'hui toutes les communautés et l'ensemble des tranches d'âge. Elle est davantage perçue par les habitants comme une association de quartier à vocation généraliste que comme une structure spécialisée dans l'encadrement des enfants et des jeunes - même si le gros du travail reste consacré aux scolaires de 6 à 18 ans.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     

 

Les objectifs essentiels de l'association sont déterminés par les convictions républicaines et laïques de ses membres et par les spécificités des Cévennes, qui demeurent le lieu d'intervention prioritaire.
Zone résidentielle de moyen standing dans les années 1970 et 1980, le quartier a vu sa situation se dégrader lourdement en raison d'un afflux massif de familles migrantes. Le changement de la composition nationale et culturelle de la population - qui était aussi un changement dans son statut socio-économique, puisque les nouveaux venus étaient, dans leur grande majorité, sans qualification professionnelle précise - a engendré un processus de marginalisation et de "ghettoïsation".

 

L'école
L'habitat
L'emploi
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'école
L'habitat
L'emploi

 

Le quartier comprend deux écoles élémentaires de plus de dix classes, totalisant près de 600 élèves.
L'école Julie Daubié, issue du G.S. Les Cévennes et qui relève du secteur public, compte aujourd'hui plus de 80% d'enfants d'origine migrante.
L'école Sainte-Geneviève, privée et catholique, accueille 98% de Français " de souche ", sans condition d'adhésion religieuse.

Ces pourcentages dévoilent les difficultés que rencontre l'Education nationale à assurer, dans les zones urbaines dites sensibles, ses missions majeures d'intégration et d'homogénéisation culturelle et linguistique des jeunes générations.

Aux Cévennes, en tout cas, l'école publique n'a plus les moyens, semble-t-il, d'intégrer quiconque. Elle n'intègre pas les Français d'origine puisqu'elle ne parvient plus à les attirer vers elle ; elle n'intègre pas les enfants issus de l'immigration puisque, les recevant seuls, elle ne peut plus les fondre dans un environnement majoritairement français.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'école
L'habitat
L'emploi

 

L'espace d'intervention de l'Aclé a la forme d'un grand quadrilatère borné, à l'est, par l'avenue du Père Soulas, à l'ouest, par la rue d'Alco, au nord, par l'avenue des Moulins et, au sud, par la rue Las Sorbes. La population globale est d'environ 10.000 habitants. Le ghetto migrant se trouve au centre géométrique du périmètre, à l'intérieur d'un ensemble de résidences privées composées d'immeubles faisant quatre à neuf étages, coincées entre l'avenue Louis Ravas et la rue Paul Rimbaud.

Là vivent quelques 3.000 migrants, surtout maghrébins, entassés dans des conditions de promiscuité extrêmement pénibles : une moyenne de 6 personnes par appartement. L'habitat reproduit les mêmes cloisonnements que l'école. Les deux communautés sont voisines, mais se tournent le dos - on ne se mélange pas.

La ségrégation scolaire et la ségrégation résidentielle sont d'ailleurs organiquement liées : elles se développent en se nourrissant l'une de l'autre. Il faut savoir, à cet égard, que le basculement du quartier a commencé juste après le basculement du G.S.

Les Cévennes, lorsque lui ont été injectés, à la rentrée 1991-1992, les effectifs de deux classes entières de l'école du Petit Bard. Voulant dégorger un ghetto, on en a créé un deuxième !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'école
L'habitat
L'emploi

 

Les statistiques officielles indiquent un taux de 60% d'allocataires du RMI sur le quartier, soit 20 points de plus que la moyenne régionale, l'une des plus élevées de France.

Même si ces chiffres doivent être tempérés - le commerce parallèle et le travail au noir permettent à de nombreuses familles de subsister plus ou moins confortablement dans l'illégalité -, le chômage n'en frappe pas moins près d'un actif sur deux. La frange de population la plus vulnérable est représentée par ce que l'on appelle les "grands ados", les jeunes de 18 à 25 ans.

Pour ceux-ci, exclus de l'école, sans formation pour affronter le marché de l'emploi, la délinquance peut souvent apparaître aujourd'hui comme l'unique perspective de survie.

 

Les solutions existent pourtant...

Elles sont connues ou devraient l'être, même si elles sont plus aisées à définir qu'à mettre en œuvre. Ces solutions passent par des mesures simultanées et complémentaires de lutte contre le chômage et contre la ségrégation. La suppression des ghettos, essentielle au modèle républicain français, exige impérativement une politique volontariste de rééquilibrage démographique des écoles et des quartiers : on peut intégrer des populations minoritaires, on ne peut intégrer des majorités.

Une telle politique, par son ampleur et sa complexité, dépasse évidemment de beaucoup les moyens du mouvement associatif. Tout ce que nous pouvons faire en ce qui nous concerne, en mobilisant au maximum les ressources intellectuelles dont nous disposons - et en espérant que chacun, de son côté, fera son devoir pour assainir la situation quant au fond - c'est de créer des structures où les enfants et les jeunes qui nous sont confiés apprennent, indépendamment de leur nationalité d'origine, à vivre ensemble, et de favoriser leur réussite scolaire, condition nécessaire - même si elle n'est pas suffisante - de leur insertion professionnelle et sociale ultérieure.

Les objectifs majeurs du travail de l'Aclé découlent en droite ligne de ces considérations :
· Assurer la mixité culturelle et ethnique des populations accueillies ;
· Assurer la mixité filles-garçons, spécialement au niveau des enfants d'origine migrante, pour casser les déterminismes traditionnels ;
· Placer le soutien scolaire au cœur du dispositif d'intervention.